Laurent Bouisset
(Traducción por Alba-Marina Escalón)
Trois poèmes de Laurent Bouisset
Avec les loups
pour Antoine Volodine & Yannick Thiriet
Ce que je voudrais
Je crois
Oui
Me tenir
Pile à l’instant
A l’endroit même de ma mort
Nu complètement
Vide de mots
Sur le seuil
Là-bas
Dans le vent froid
Avec les loups
Passe dans mes yeux la solitude d’une comète
Baigné
Mon front
Enfin
De l’encre
Vraie
Une seconde
Pas plus
Oui
M’y tenir
Là-bas
Non pas
Comprenez-moi
Que je sois
Las
De vivre
Bien au contraire
Non pas que
L’existence
Me répugne
Enfin bien sûr que si
Dans ses grandes lignes
Mais peu importe
Je crois être de ceux
Assez fous
Pour l’attiser
Cette répulsion
Au point d’en faire un cri
Très peu m’importe
D’ailleurs
Que ce cri-là
S’appelle révolte
Jouissance
Douleur
Angoisse
Paix
Guerre
Tant qu’il sait faire fuser
Sur la toile
De ces couleurs
Si agréables
On dirait presque par instants des chevelures
C’est le printemps alors
Marseille s’embruine
Et le parfum
Des jeunes filles
Se mêle à la blessure
On aimerait s’étendre
Mais non
Mais peu importe
Vraiment
Oui que cela
Ce cri
Se nomme
Saccage
Etreinte
Bonheur
Qu’est-ce que cela change à l’urgence
Que j’ai
De me tenir
Pile à l’instant
A l’endroit même de ma mort
Avec les loups ?
Non pas que je veuille
En finir
Non
Vraiment pas
Bien plutôt qu’envisager
Crûment
Avec violence même
S’il le faut
Ce qu’il ne me reste plus
De temps
A vivre
Loin de m’amoindrir
De me laisser
Sur la langue
Un vague goût de cendre
Je pense m’aiderait
Vraiment
Oui
Avec aplomb
Rage
Détermination
A décider
De
Quelle ne doit plus être
Non
Quelle non jamais plus jamais
Non
Ne sera
MA VIE
Si chère
Torse nu
Sur le seuil
J’EN FAIS LE VOEU
AVEC LES LOUPS
Quelle non jamais plus jamais
Non
Ne sera
MA VIE
Si chère
Dans son sublime
Cahotant
Junto a los lobos
para Antoine Volodine & Yannick Thiriet
Lo que quisiera
Sí
Sostenerme
Justo en el instante
En el lugar exacto de mi muerte
Desnudo totalmente
Vacío de palabras
En el umbral
Allá
En el aura fría
Junto a los lobos
Pasa en mis ojos la soledad de un cometa
Mojada
Mi frente
Al fin
De tinta
Verdadera
Un segundo
No más
Sí
Sostenerme
Allá
No es
Entiéndanme
Que esté
Hastiado
De vivir
Al contrario
No es que
La existencia
Me repugne
Bueno claro que sí
En general
Pero qué importa
Debo ser de aquellos
Que son tan locos
Para atizar
Esa repulsión
Hasta volverla grito
Muy poco me importa
Por cierto
Que ese grito
Se llame revuelta
Deleite
Dolor
Angustia
Paz
Guerra
Mientras que sepa salpicar
El lienzo
De esos colores
Tan amenos
Parecen casi por instantes cabelleras
Es primavera por eso
Marsella se enllovizna
Y el perfume
De las chicas
Combina con la herida
Darían ganas de tenderse
Pero no
Pero qué importa
De veras
Sí que eso
Ese grito
Se llame
Saqueo
Abrazo
Felicidad
¿Qué le cambia eso a la urgencia
Que tengo
De sostenerme
Justo en el instante
En el lugar exacto de mi muerte
Junto a los lobos?
No es que quiera
Acabar con todo
No
De veras no
Mejor en vez de proyectar
Crudamente
Hasta con violencia
Si no hay más remedio
Lo que ya no me queda
De tiempo
De vida
Lejos de aminorarme
De dejarme
Sobre la lengua
Un impreciso sabor a ceniza
Pienso me ayudaría
De veras
Sí
Con aplomo
Ira
Valentía
A decidir
Qué
Cuál ya no debe de ser
No
Cuál no nunca más nunca
No
No será
MI VIDA
Tan querida
Torso desnudo
En el umbral
LO JURO
JUNTO A LOS LOBOS
Cuál no nunca más nunca
No
Será
MI VIDA
Tan querida
En su sublime
Sacudir
Sourire blessé
Pour Alain Bashung
Profond
Toujours
Plongés
Dans le coeur sombre
De l’agave
Tes bras réclament
Cette piqûre d’ombre
Du poème
Echarde
Claque
Eclat
Sourire blessé
Tout ce sans quoi l’éternité
De la rive
Au loin
Si lentement
Versée
Cesse de bruire
Le temps d’un souffle
A peine
Couvre sa plaie
De cet habit terrible de demi-lumière
Profond
Toujours
Plongés
Dans le coeur sombre
De l’agave
Tes bras réclament
Trop
Bien trop
Bien plus
De lait
Qu’il n’y a à boire
Le corps
Rien d’autre
Du couchant
Dans sa cruauté rose
Sonrisa herida
Para Alain Bashung
En lo hondo
Siempre
Hundidos
En el centro oscuro
Del agave
Tus brazos exigen
El pinchazo de sombra
Del poema
Astilla
Restalla
Destello
Sonrisa herida
Todo aquello sin lo que la eternidad
De la orilla
A lo lejos
Tan lentamente
Derramada
Cesa de susurrar
El tiempo de un respiro
Apenas
Cubre su llaga
Con ese terrible traje de media-luz
En lo hondo
Siempre
Hundidos
En el centro oscuro
Del agave
Tus brazos exigen
Mucha
Muchísima
Mucha más leche
De la que hay para beber
El cuerpo
Sin más
Del atardecer
En su rosa crueldad
Le bord exact de la combustión
Un battement de cil à peine
Le cliquètement fugace d’un briquet
Et elle est là
-
Elle est là loin
-
Très loin de se laisser anéantir par le cyclone vorace
Des gens autour
Fumée chants cris les rires
Les crânes barbares furieusement entrechoqués comme des verres
Tout cela maintenant n’existe plus
-
Elle a consumé tout
Apparaissant
Même l’horizon
-
Ou plutôt non
Disons qu’apparaissant
Elle a ensommeillé
-
D’on ne sait où vraiment jaillie
Une eau se verse
Entre vous deux
Limpidement
Tes yeux
Vers elle
Y vont
Maintenant
Lancer un voilier
-
Ce voilier-là
Ses cils revêches
Ne l’accueillent pas avec douceur
Ce voilier-là
Ses yeux de louve
Le déchirent même
Le déchiquètent
L’envoient sombrer quelque part loin
Dans les tréfonds d’obscurité du comptoir lourd
-
Loin de te refroidir
Ce carnage-là
Je crois bien oui qu’on peut le dire
T’a attisé
A elle maintenant
-
A elle maintenant d’aller jeter une pirogue
Subtile
Discrète
Presque en papier
Cette pirogue si pleine de grâce
Et dérivant fragilement
A la surface muette des eaux
Tes yeux s’en bâfrent
Animalement
-
Vous voilà ainsi donc rendus au bord
-
Au bord exactement de l’imprudence
-
Vous pouvez parfaitement plonger
Maintenant
Plonger très fort
D’une tête une seule
Et déserter l’attente
Vous pouvez parfaitement aussi rester
-
Lointains longtemps
De part et d’autre de cette eau
A l’explorer avidement
-
Egalement encore tout suicider
Bien sûr
Reprendre vos yeux comme si de rien n’était
Et repartir
Maintenant seuls
Seuls et rongés magnifiquement par le fantôme d’un même regret
-
Mais ce serait mentir
Que dire cela
Dire que tous deux
A l’heure qu’il est
Avez encore le choix
-
L’instant s’est maintenant gorgé de lave
Gorgé de lave jusqu’à craquer
-
Une seconde
Un siècle au moins
Que plus un seul de vos gestes ne dépend
Que plus une seule de vos pensées n’infléchit plus du tout
Le cours
-
Une seconde un siècle au moins que l’issue même de la nuit est arrimée
C’est tout
Seulement
Avant toute chose
Au mouvement ou non d’une planète
-
Lointaine
-
Brûlante
-
Au bord d’entrer précisément
A cet instant
Avec une infinie lenteur
Silencieusement
En combustion entre vos doigts
La orilla exacta de la combustión
Apenas un parpadeo
El tintineo fugaz de un encendedor
Y ella está allí
-
Está allí lejos
-
Muy lejos de dejarse aniquilar por el ciclón voraz
De la gente alrededor
Humo cantos gritos y las risas
Los cráneos bárbaros entrechocándose con furia como vasos
Ahora ya no existe todo aquello
-
Consumido todo
Apareciendo
Hasta el horizonte
-
O más bien no
Digamos que apareciendo
Ella lo ensoñó
-
De quien sabe donde surgida
Un agua brota
Entre ustedes dos
Límpidamente
Tus ojos
Hacia ella
Se dirigen
Ahora
Lanzar un velero
-
Ese velero
Sus ariscas pestañas
Sin dulzura lo reciben
Ese velero
Sus ojos de loba
Hasta lo desgarran
Lo destrozan
Lo mandan a hundirse por allá lejos
En la profunda oscuridad de la barra pesada
-
Lejos de desanimarte
Esta matanza
Digamos que más bien
Te encendió
A ella le toca ahora
-
A ella le toca ahora mandar una piragua
Sutil
Discreta
Casi de papel
Esta piragua tan llena de gracia
Derivando frágilmente
Sobre la superficie muda de las aguas
Tus ojos la engullen
Animalmente
-
Acaban de llegar a la orilla
-
A la orilla exacta de la imprudencia
-
Pueden perfectamente aventarse
Ahora
Aventarse con fuerza
De un solo
Y traicionar la espera
También pueden perfectamente permanecer
-
Lejos mucho tiempo
A un lado y a otro de esta agua
Y explorarla ávidamente
-
O sino suicidarlo todo
Por supuesto
Recoger sus ojos como si nada
Y partir
Solos ya
Solos y magníficamente carcomidos por el fantasma de un mismo arrepentimiento
-
Pero sería mentir
Decir eso
Decir que los dos
A estas horas
Tienen alternativa
-
El instante ya se llenó de lava
Se llenó de lava hasta reventar
-
Hace un segundo
Un siglo al menos
Que ya ninguno de sus gestos depende
Que ya ninguno de sus pensamientos influye
En el curso
-
Un segundo un siglo al menos que el desenlace de la noche está amarrado
Es todo
Solamente
Antes que nada
Al movimiento o no de un planeta
-
Lejano
-
Candente
-
A la orilla de entrar precisamente
En este instante
Con infinita lentitud
Y en silencio
En combustión entre sus dedos
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