![]() |
Jean Portante* |
No. 83 / Octubre 2015 |
|
Mesa de Traducciones núm. 83: ___________________________________________________________________ Jean Portante (1950) (Traducción de Emma Julieta Barreiro)** tu redoutes ton vide y aurait-il parce qu’on se rapproche de l’hiver un espoir à raviver ou un cerf à endormir. manhattan est en toscane. si j’écris c’est parce que je sens que les oliviers sont tristes comme des momies muettes. pavese dirait que la stratégie douloureuse ne peut s’employer que quand la douleur est un drap qui sèche sur la corde obscure. tard dans la nuit le charbon descend. si comme au vide on lui donne une tombe IL DIRA QUE SA VIE EST UN PLANCHER NOIR temes a tu vacío deberíamos acaso puesto que nos acercamos al invierno reavivar una esperanza o adormecer un ciervo. manhattan está en toscana. si escribo es porque siento que los olivos están tristes como momias enmudecidas. pavese diría que la estrategia dolorosa sólo puede usarse cuando el dolor es una sábana que se seca sobre un lazo oscuro. tarde por la noche el carbón desciende. si como al vacío le diéramos una tumba ÉL DIRÁ QUE SU VIDA ES UN SUELO NEGRO. nous allions et c’était les derniers manteaux font appel à l’hiver. il suffit d’écarter le rideau. il n’y a pas de neige mais il y a une trace patiente. froid n’est pas le mot. de cette fenêtre-là le jour qui entre ne vient pas de la nuit. rien ne vient de la nuit tout va vers elle. LA NUIT PEND À UN FIL DE L’AUTRE MONDE. salíamos, y era estar los últimos abrigos hacen un llamado al invierno. basta con apartar la cortina. ya no hay nieve sino una huella paciente. frío no es la palabra. de aquella ventana el día que entra no viene de la noche. nada viene de la noche. todo va hacia ella. LA NOCHE CUELGA DE UN HILO DEL OTRO MUNDO. on ne peut plier un fleuve en crue ce rien qui fait monter la sève dans les troncs n’est pas aveugle pour un sou. quand il glisse dans l’oubli on dit de lui qu’il se penche légèrement vers le nord. c’est sa façon d’être infidèle à la verticalité. en cela il est du clan du fleuve. il part moins qu’il ne revient. on ne dirait pas que c’est un nouveau tiroir. on dirait une rencontre avec LES AUTORITES HUMIDES. No se puede doblar un río en crecida esta nada hace subir la savia dentro de los troncos no está ciega ni por una pizca cuando se desliza adentro del olvido se dice de él que se inclina ligeramente hacia el norte. es su forma de ser infiel a la verticalidad. en esto pertenece al clan del río. se va menos de lo que regresa no se diría que es un nuevo cajón. se diría que es un encuentro con las AUTORIDADES HÚMEDAS. je ne veux fouiller dans les poches de personne je ne cherche pas à guérir du sud ni à mettre un manteau au nord. j’ouvre sans cesse les mains elles sont sans cesse vides. pour moins on se battrait à mort. il y a dans ce combat-là une bouche avec des cris qui reviennent de l’enfer. pour moins on s’attacherait au rocher en attendant l’aveuglement des aigles. les uns sont la porte que libère mon père quand il perd cette guerre. il marche derrière en revenant ou devant. d’autres histoires sont racontables. l’une d’elles porte des lunettes. c’est presque un aveu. LES YEUX SONT DANS LES POCHES. no quiero hurgar en los bolsillos de nadie no trato de curarme del sur ni de ponerle un abrigo al norte. abro sin cesar las manos están sin cesar vacías. por menos nos golpearíamos hasta morir. hay en este combate una boca con gritos que regresan del infierno. por menos nos ataríamos a la roca a esperar la ceguera de las águilas. algunos son la puerta que mi padre libera cuando pierde esta guerra. él camina detrás o por delante al regresar. otras historias pueden ser contadas. una de ellas lleva gafas. es casi una confesión. LOS OJOS ESTÁN DENTRO DE LOS BOLSILLOS. plus d’une fois, respirer sera loin le matin est un voleur de distances. le soir aussi. on le voit à sa respiration. si j’étais le jour ou la nuit je creuserais UN TROU LOINTAIN AU FOND DU JARDIN. más de un vez, respirar será lejos la mañana es una ladrona de distancias la noche también. se ve en su respiración si yo fuera el día o la noche cavaría UN HOYO AL FONDO DEL JARDÍN. qui laisse une trace, laisse une plaie il n’y a rien de plus facile que de tourner la clé dans la serrure. le nord dit marche et le sud se lève. le voyage durera longtemps. appelons cette trace-là une épidémie. inutile de mettre des gants. LES RACINES SONT LA PLAIE DE L’ARBRE. quien deja una huella, deja una llaga no hay nada más fácil que darle la vuelta a la llave en la cerradura el norte se marcha y el sur se levanta. el viaje durará mucho tiempo. llamémosle a esta huella una epidemia. inútil ponerse los guantes. LAS RAÍCES SON LAS LLAGAS DEL ÁRBOL. la seine était verte à ton bras et si du plafond descendait ce cerf du matin et non le désir de donner un nom au jour est-ce bien un jour ce pont qui va et vient. de l’eau en tout cas verte comme l’écran du premier ordinateur et tous les verbes se trouvent de l’autre côté. donner dans un tel écartement c’est prendre. c’est le moment que je choisis pour passer outre. le cerf d’en face en fait de même. j’ai dit cerf mais c’est au verbe du matin que je songeais et au pont plus matinal que le besoin de sauter. le verbe sauter me fait penser à quelqu’un. au plafond pendille le désir de DONNER UN BRAS AU FLEUVE QUI N’EN A PAS. el sena era verde en tu brazo y si del techo descendiera este ciervo de la mañana y no el deseo de dar un nombre al día es acaso un día este puente que va y viene. es agua en todo caso verde como la pantalla del primer ordenador y todos los verbos se encuentran del otro lado. dar en tal distancia significa tomar. es el momento que elijo para atravesar. el ciervo de enfrente hace lo mismo. dije ciervo pero es al verbo de la mañana que yo pensaba y al puente más matinal que la necesidad de saltar. el verbo saltar me recuerda a alguien. del techo pende el deseo de DAR UN BRAZO AL RÍO QUE NO LO TIENE. |
|
*Fotografía por Pascual Borzelli Iglesias ** Todos los poemas proceden de L’arbre de la disparition, poèmes, Editions PHI/Ecrits des Forges, Luxembourg/Québec, 2004. |
|
|