No. 96 / Febrero 2017


 


 

 

Uriel Galaz Chinolla



¿Tienes cuadritos?

Te escuché y levanté mi camisa
para mostrarte que no había nada allí abajo
más que una panza plana y
cuatro costillas que se levantaban
como dedos bajo la piel.
Ahora en ese lugar tengo
dos estrías que se formaron
por mi mala postura.
Pensé que eso era todo
pero con tu mano
un poco más grande que la mía,
tocaste mi ombligo
por ser tan diferente al tuyo
y entonces tú me mostraste
tu pancita blanca, sin lunares
que se asomaran como en la mía.
Reíste mucho cuando
me sonrojaba, pero era un niño
entonces.
Una maestra nos vio desde lejos,
amenazó con llamar a mi madre,
pero no lo hizo.
Pidió que no volviéramos
a vernos el vientre.

Tenía seis años entonces
y sé que si nos volviéramos a ver
ya no vería una panza sino un vientre
Y tú quizás verías algún trozo
de escultura griega detrás de todo
este pellejo.



How's your six-pack?

I listened
lifted my shirt to show
there was nothing underneath
but a flat little belly
and four ribs like fingers
poking under my skin.
Now in the same place
two creases have formed
where I slouch.
I thought that was all
but then you opened your hand
(a little bigger than mine)
and touched my belly button
because
it was so different from your own.
And then it was your turn
to show me your white belly
blank where mine was freckled.
You fell about laughing
when I blushed
but I was only a kid.
A teacher spotted us
threatened to phone my mother
but in the end
did nothing. She told us
never to do that again,
look at each other's bellies like that.

I was six years old.
And I know that if ever we met again
I'd find no rounded belly there
but a washboard stomach.
And maybe you, too, would see
a torso like a Greek statue
behind all that
skin.



Je peux voir tes abdos?

Je t'ai écoutée et j'ai levé mon chandail
pour te montrer qu'il n'y avait rien en dessous
d'autre qu'une bedaine plate et
quatre côtes qui se soulevaient
comme des doigts sous la peau.
Aujourd'hui à cet endroit, j'ai
deux plis qui se sont formés
à force de mauvaise posture.
J'ai pensé que c'était tout
mais de ta main
un peu plus grande que la mienne,
tu as touché mon nombril
parce qu'il était si différent du tien
et alors à ton tour tu m'as montré
ta petite bedaine blanche, sans grains de beauté
qui se pointaient comme sur le mien.
Tu as bien ri quand
j'ai rougi, mais j'étais un enfant
à l'époque.
Une maîtresse nous a vus de loin,
a menacé d'appeler ma mère,
mais elle n'en a rien fait.
Elle nous a demandé de ne jamais plus refaire ça,
nous regarder ainsi le ventre.

J'avais six ans quand c'est arrivé
et je sais que si nous devions nous revoir
ça n'est pas une bedaine que je découvrirais mais un ventre
Et toi peut-être verrais-tu quelque torse
de sculpture grecque derrière toute
cette peau.

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