traducciones_86_portante.jpg Jean Portante

No. 87 / Marzo 2017


Jean Portante
Dimitri Ruggeri
Anthony Seidman


 


Jean Portante
(1950)
Traducción de Emma Julieta Barreiro

 

à mes frontières j’ai demandé une frontière
CHAWKI ABDELAMIR

du noir au blanc glisse l’espoir
PENTII HOLAPPA

 

les planches sur mon dos m’apprennent à marcher
la tête en bas.
quand la ville se pose sur mes
pieds elle oublie sa vieillesse.

l’espoir est un manteau auquel il
manque un peu d’hiver.
c’est bon pour le moral.
il faudrait que coule en lui un filet
d’huile d’olive.

n’est-ce pas lui la rouille noire
que traverse l’origine.

n’est-ce pas elle la
GUERRE BLANCHE QUI REFROIDIT L’HALEINE.

 

a mis fronteras les he pedido una frontera
CHAWKI ABDELAMIR

del negro al blanco se desliza la esperanza
PENTII HOLAPPA

 

las tablas sobre mi espalda me enseñan a caminar
cabeza abajo.
cuando la ciudad se posa sobre mis
pies olvida su vejez.

la esperanza es un abrigo al que
le falta un poco de invierno.
eso es bueno para la moral.
tendría que fluir en ella un chorro de
aceite de oliva.

no es acaso él la herrumbre negra
que atraviesa el origen.

no es acaso ella la
GUERRA BLANCA QUE ENFRÍA EL ALIENTO.

 

tyger ! tyger ! burning bright
In the forest of the night.
WILLIAM BLAKE

 

quand le tigre brûle j’ignore pourquoi.
qui sait si un jour de la pensée calcinée
tombe un clou ou un clown
une averse ou une aversion
feu ou boue fallait-il dire. c’était
UN PAS SUR LE PLANCHER ARDENT DE LA NUIT

tyger ! tyger ! burning bright
In the forest of the night.
WILLIAM BLAKE

 

cuando el tigre arde ignoro por qué.
quién sabe si un día del pensamiento calcinado
caiga un clavo o un clown
un chubasco o un chasco
fuego o barro habría que decir. Era
UN PASO SOBRE EL SUELO ARDIENTE DE LA NOCHE

 

revenez dans sept ans car
j’aurai fait peau neuve
LILIANE WOUTERS


un peu avant la nuit on
commence à recompter.

certains mots portent un anneau
d’autres pas.
la montagne au loin
fait elle aussi ses
calculs d’enfant.

si j’arrive à sept dit-elle.

ce n’est pas parce que là-haut
s’arrondissent les années
que le prolongement de la peau
est désirable.

d’ici on ne voit pas si ça monte
ou descend.
ICI LE VOYAGE PORTE UN ANNEAU.

 

vuelvan dentro de siete años porque
mudaré de piel
LILIANE WOUTERS

 

poco antes de la noche uno
empieza de nuevo a contar

ciertas palabras llevan un anillo
otras no.
la montaña a lo lejos
también hace sus
cálculos de infancia.

si llego a siete dice.

no es porque allá arriba
se redondeen los años
que resulta deseable
la prolongación de la piel.

desde aquí vemos si se sube
o desciende.
AQUÍ EL VIAJE LLEVA UN ANILLO.

 

l’impatience est obscure
et désirable
LIONEL RAY


la chaux d’un rêve d’enfance
blanchit-elle l’échelle du charbon.
il est probable que les plaines
traversées sont des dos
d’araignées.
on noircit en dormant.
tant d’écartement accroche de
l’alphabet au coin de l’œil.
il en faut pour rendre le passage
plus désirable.
il en faut afin que les objets qu’on jette
deviennent
LES CHAINONS OBSCURS DE L’IMPATIENCE.

 

la impaciencia es oscura
                     y deseable
LIONEL RAY


la cal de un sueño de infancia
acaso blanquea la escalera del carbón.
es probable que las llanuras
atravesadas sean espaldas
de arañas.
uno ennegrece al dormir.
tanto descartar engancha
alfabeto en el rabillo del ojo.
hace falta para que el paso se vuelva
más deseable.           
hace falta para que los objetos que uno tira
se conviertan en
ESLABONES OSCUROS DE LA IMPACIENCIA.

 

des ombres dentelées, 
à travers l’humidité des feuilles
WOLE SOYINKA


depuis que le brouillard
a remplacé le grand envol du
soir on se jette moins à genoux
devant les mystères de ce lavoir.

il est au-delà de la plupart des jardins.
toutes les humidités y mènent lentement.
on dirait que les arbres sont
des ramifications de l’ombre.
la science ne se trompe pas.
le charbon descend de la montagne.
CE N’EST PAS LA PREMIERE FOIS.

 

sombras dentadas,
a través de la humedad de las hojas
        WOLE SOYINKA


desde que la niebla
remplazó el gran vuelo de
la noche nos arrodillamos ñenos
ante los misterios de este lavadero.

está más allá de la mayoría de los jardines.
todas las humedades conducen lentamente hacia él
se diría que los árboles son
ramificaciones de las sombras.
la ciencia no se equivoca.
el carbón desciende de la montaña.
NO ES LA PRIMERA VEZ.

 


 

* Todos los poemas proceden de Le charbon descend (2004) en Jean Portante, Le travail de la balaine, Editions PHI, Luxembourg, 2014.